Accueillir la nature dans notre (agri)culture!
Posté leBaie-Attitude est une micro-ferme dont la préoccupation environnementale a beaucoup guidé les choix techniques et stratégiques afin de limiter son impact. Nous explorons différentes alternatives pour diminuer notre consommation de ressources fossiles tout en mettant au cœur de nos préoccupations l’être humain et la nature.
En produisant sur une petite surface une grande diversité de plantes, nous tentons de reproduire les équilibres à l’œuvre dans les écosystèmes naturels. En réfléchissant en terme de coopération et de complémentarité plutôt qu’en terme de compétition, il y a une place pour tout le monde. Et même pour le puceron… En me promenant dans le tunnel maraîcher, j’ai remarqué une grande diversité d’insectes prédateurs des pucerons qui avaient colonisé les fèves et enrayé leur développement. J’ai donc voulu en faire un petit reportage que voici…
Les fèves semées au mois de mars dans le tunnel accueillent dorénavant les tomates. Les fèves sont de véritables « attire-purerons ». Il faut reconnaître que ces insectes peuvent poser de nombreux problèmes dans les cultures… et en particulier dans des monocultures ! Il faut savoir qu’une fois la plante attaquée par un ravageur va naturellement appelé à la rescousse en émettant des composés organiques volatils (COV). Ces composés vont attirés par la suite de nombreux insectes qui vont se nourrir des pucerons et jouer ainsi un rôle de régulation naturelle des ravageurs.
Les coccinelles sont bien connues pour leur appétit en matière de pucerons. Bien que les adultes en mangent, c’est surtout les larves qui sont efficaces en terme de régulations. Les oeufs des coccinelles sont faciles à reconnaitre (photo ci-dessus). Il existe cependant une grande diversité d’insectes qui se nourrissent de pucerons. Certains sont fascinants de part leur beauté et leur mode d’action. Nous allons découvrir certains de ces insectes qui ont tous colonisés rapidement les fèves de notre tunnel maraîcher.
La chrysope verte est un insecte de l’ordre des névroptères (ailes fortement nervurées) dont la larve se nourrit de pucerons mais aussi d’autres ravageurs comme les cochenilles et autres chenilles. L’adulte vient pondre des oeufs verts magnifiquement suspendu le long d’un fil qui écloront après plusieurs jours pour donner naissance à une larve particulièrement vorace.
Les Chrysopes ont un régime relativement diversifié. On parle alors d’auxiliaires généralistes car les larves s’attaquent à différentes espèces d’acariens, de pucerons ou encore de chenilles problématiques pour les cultures. Il existe cependant des auxiliaires spécialistes, c’est-à-dire avec un régime alimentaire centré sur une seule espèce.
Les syrphes sont des mouches aux aspects de guêpes qui ont un mode d’action proche des chrysopes. Les larves ressemblant à des petites chenilles vertes se nourrissent quasi exclusivement de pucerons. Contrairement, aux larves des chrysopes et des coccinelles qui dévorent les pucerons, les larves des syrphes sucent le puceron de l’extérieur en ne laissant plus que son exosquelette asséché.
Il existe un grand nombre d’hyménoptères parasitoïdes de différentes tailles. Certains sont plus petits qu’un moucheron… Ces insectes étonnants ont certainement inspirés le créateur d’Alien. En effet, les adultes viennent pondre leurs œufs directement à l’intérieur des pucerons. Les larves se développent en mangeant de l’intérieur sa proie. Il est facile de reconnaître la présence de ces auxiliaires car une fois que la larve s’est bien développée, les pucerons sont dits « momifiés ».
Peu après, les adultes sortent directement de la « momie » des pucerons parasités pour aller rapidement pondre dans de nouvelles proies-hôtes. Nous aimons particulièrement ces insectes car leur efficacité en terme de régulation des ravageurs est redoutable. En effet, le développement de ces auxiliaires est exponentiel au sein d’une colonie de pucerons. Cependant, les autres auxiliaires jouent également un grand rôle de régulation. Par exemple, la polyphagie des larves de chrysopes permet de limiter la propagation d’un éventuel autre ravageur (acariens tétranyques, mineuses, etc.).
Pour être sûr que ces insectes auxiliaires puissent rendre service au jardinier ou à l’agriculteur, il faut qu’ils soient nombreux (abondance) et diversifiés. La stratégie à adopter consiste donc à créer des zones riches en nectars, pollens et en habitats diversifiés pour attirer les insectes adultes.
Les tomates plantées au milieu des fèves au début du mois de mai ont également été attaquées par les pucerons. Cependant, la diversité et l’abondance de nombreux insectes auxiliaires nous ont rassurés quant au développement des populations de pucerons.
L’an dernier, plusieurs traitements ont dû être fait sur les tomates qui étaient infestées par les pucerons du feuillage. Ensuite, les acariens tétranyques ont pris le dessus sur la culture…
Cette année, les semis des fèves auront joué le rôle d »‘attire-pucerons » et donc d' »attire-auxiliaires » dans nos cultures d’été. Les fèves sont de plus des fixateurs d’azote qui agissent comme un « engrais vivant ».
Sans oublier le plus important pour le jardinier ou le maraîcher : la récolte des fèves s’annonce intéressante.
Cette année, nous avons pu laisser travailler la nature tout en surveillant l’évolution des populations d’insectes. Ainsi, en inter-plantant différentes cultures et en installant d’autres plantes (mauves, bleuets, engrais verts diversifiés, etc.) attirant de nombreux insectes, nous avons pu intégrer les mécanismes naturels de régulation d’insectes indésirables dans nos cultures.
En travaillant avec le vivant, nous nous émerveillons chaque jour. L’observation de la nature nous enseigne énormément. Elle nous apprend aussi à contempler…
Joyeuse saison à vous !
Bonjour, je suis Véronique Dubuis
Quand est ce que je peux plenter la mauve et les autres flleurs pour atirer les insectes? j ai un petit jardin, est ce que je peux les planter en bordure de mon jardin, aisi je peux les lausser bien fleurir en été?
Je n ai pa entendu votre conference au marché bio, zut j ai dû partir à midi
Merci de prendre le temps de me lire.
A bientôt
Véronique
Bonjour Véronique,
Merci pour votre message et votre intérêt pour la biodiversité.
Je vous conseille de la semer directement en place au printemps (mars-avril). Elle lève très facilement et fleurira durant tout l’été. Semez en plus et vous pourrez manger les feuilles et les fleurs en salade!
Pour la biodiversité, il est aussi utile de semer des mélanges de fleurs indigènes en plus afin de fournir des ressources diversifiées tout au long de la saison pour beaucoup d’insectes différents. Vous pourrez trouver ces semences en mélange tout prêt chez des semenciers locaux comme Zollinger sur leur site internet.
Meilleures salutations et une belle année 2023 !
Colin